• Affaires de Piasses@lemmy.ca
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    1 year ago

    Je pense que je comprends le principe de l’argument, mais je ne suis pas certain du rapport entre les deux :

    1. Alors que ces associations font souvent (et justement) lieu de contrepouvoir, n’y aurait il pas un risque de partialité si celles-ci étaient financées par l’état ? D’autant plus que certaines sont déjà partiellement financées via l’appareil politique à différents nivaux (fonds aux associations, subventions, etc.)

    2. Le recours aux cabinets de conseil permet théoriquement de boucher les trous de resources dans l’état, que ce soit en terme de compétence ou de disponibilité. Je suis entièrement d’accord qu’il peut y avoir des risques à externaliser ces fonctions, en particulier celui de la perte de compétence interne, mais je ne pense pas que ces associations aient vocation à répondre à ce même besoin, si ?

    • Camus [il/lui]@lemmy.caOP
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      1 year ago

      n’y aurait il pas un risque de partialité si celles-ci étaient financées par l’état ?

      C’est plus un constat que si l’état ne faisait pas n’importe quoi, ces associations auraient moins de boulot pour dénoncer ces dérives. Toutes les lois de surveillance dénoncées par la Quadrature du Net en sont un bon exemple, ou le projet de nouvelle autoroute qui est une aberration.

      Le recours aux cabinets de conseil permet théoriquement de boucher les trous de resources dans l’état, que ce soit en terme de compétence ou de disponibilité.

      J’ai bossé en cabinet de conseil dans une autre vie. Facturer 800€ la journée (oui, c’est le vrai chiffre) pour mettre à disposition un jeune diplômé qui n’a aucune expérience (ça, c’était moi), pour au final dire exactement ce que les gens du métier préconisent, “mais comme ça vient d’un cabinet externe, c’est un rapport sérieux” pendant plusieurs semaines voire mois, c’est du vol organisé, y a pas d’autres mots.

      • Affaires de Piasses@lemmy.ca
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        1 year ago

        C’est plus un constat que si l’état ne faisait pas n’importe quoi, ces associations auraient moins de boulot pour dénoncer ces dérives.

        Je pense qu’il est complexe de définir ce à quoi correspond le “n’importe quoi” : je suis certain que ces mauvaises idées sont aussi le fruit de la volonté populaire et/ou de l’impact de lobbies. Au final, ces associations agissent aussi comme des lobbies auprès des dirigeants.

        J’ai bossé en cabinet de conseil dans une autre vie.

        C’est une problématique de mission : un cabinet de conseil, tu peux tout lui demander. J’ai connu des cas où la mission était “on veut faire [insérer l’objectif du dirigeant], merci de trouver tous les arguments qui permettent de soutenir cet objectif et de démonter tous les autres”, ce qui permet de donner un sceau de sérieux plus difficilement attaquable à l’idée du dirigeant. Mais aussi des cas où c’était “notre objectif est de faire [insérer l’objectif du dirigeant], quelles sont les différentes façons d’atteindre cet objectif et parmi celles-ci, quelle est la meilleure façon d’y arriver” ou même “on en est là, quelle serait la prochaine étape pour nous ?”.

        On en parlait récemment avec le travail de McKinsey pour la COP28 : si tu leur demandes de te trouver des solutions pour sortir des énergies fossiles, c’est ce qu’ils vont te fournir. Si tu confies ça à l’Arabie Saoudite, qui est un des pays du monde qui profite le plus des énergies fossiles, et que leur objectif est de prolonger leur utilisation, ils vont alors te fournir des scénarios dans ce sens.

        Et la problématique est la même en politique : si ton objectif est d’être élu, ils vont te conseiller dans ce sens. Si ton objectif est de faire des choses qui vont dans le bon sens pour la société, tu n’es probablement pas élu en politique de toute façon ;) Ça me rappelle cet extrait du sketch de John Oliver sur le gun control en Australie/USA (je recommande de regarder en entier si tu ne l’as pas vu, c’est très drôle).

        • Camus [il/lui]@lemmy.caOP
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          1 year ago

          je suis certain que ces mauvaises idées sont aussi le fruit de la volonté populaire et/ou de l’impact de lobbies. Au final, ces associations agissent aussi comme des lobbies auprès des dirigeants.

          Pour le nouveau projet d’autoroute, la soumission du RSA à 15 heures de travail bénévole par semaine, et les tentatives de surveillance de la population sous prétexte de “luttes contre le terrorisme”, la volonté populaire n’a pas l’air d’être trop là, cf les nombreuses pétitions contre ces projets (41k voix contre l’autoroute : https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-1999)

          C’est une problématique de mission : un cabinet de conseil, tu peux tout lui demander.

          Personnellement, ce n’est pas tellement cet aspect qui me dérange, mais le coût. Si ces rapports orientés étaient produits en interne, au moins ça limiterait les dépenses inutiles d’argent public, surtout quand on voit les sommes en question.

          • Affaires de Piasses@lemmy.ca
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            1 year ago

            41k voix contre l’autoroute

            Soit 0.06% de la population, et on considère que c’est une grosse pétition.

            Si dans nos conversations on les voit peu (et plus encore sur Lemmy que sur Reddit, qui semble avoir une position bien plus à gauche), je connais dans mon entourage beaucoup de gens qui supportent ces projets : faire travailler ceux qui touchent le RSA parce que “ça se mérite, j’en ai marre de payer pour des gens qui ne foutent rien”, l’autoroute parce que “ça va aider la région, dynamiser l’économie, et qu’on les emmerde les cyclistes écolos et consort”, les tentatives de surveillance de la population parce que “je veux être en sécurité, puis j’ai rien à cacher moi”… Ils ont d’ailleurs une bonne place sur facebook, où ils envahissent régulièrement mon fil.

            Mais la plupart des gens sont de toute façon très oblivious, très passifs face à tout ça. Le 1er ministre du Québec, François Legault, avait eu une phrase qui fait beaucoup de sens dans ce contexte lors de la dernière campagne : “Personne se bat dans les autobus” pour ça.

            Personnellement, ce n’est pas tellement cet aspect qui me dérange, mais le coût.

            Personnellement, le coût ne me gène pas : au quotidien, ça me parait normal de faire appel à des prestataires extérieur, tu ne peux pas nécessairement avoir toute la compétence en interne, d’autant plus si elle est extrêmement pointue. Que cela ait un coût supérieur à l’instant T à celui d’une resource intégrée me parait normal : il y a toute une structure, tout un fonctionnement derrière pour permettre que cette resource soit là. Par exemple, quand dans ma société on fait appel à des freelance, que ce soit pour combler une compétence dont on ne dispose pas ou parce qu’on a une surcharge temporaire sur nos compétences internes, on s’attend à les payer plus chers que quand on utilise nos resources internes. De la même façon, si j’ai besoin de transporter beaucoup de monde je vais louer un mini-bus, si j’ai besoin de transporter beaucoup de matériel un camion ou une remorque, si j’ai besoin de sabler mon parquet une sableuse, … Je n’ai pas nécessairement besoin d’avoir ces outils dans ma boîte à outil en tout temps, et le faire serait inefficient.

            J’ai par contre beaucoup plus de problème lorsque ces cabinets sont placés en tant que maître d’œuvre, en contrôleurs, alors que j’estime que cette compétence devrait rester du resort de l’état. Quand on met un cabinet de conseil à la coordination d’un projet parce que la communication entre les ministères est trop compliquée, c’est qu’on a un souci.

            J’ai aussi un problème avec la perte de compétence interne à la FP : pour moi, faire appel à des cabinets conseil devrait rester l’exception, pour combler un besoin ponctuel. Si le besoin est récurent, alors il est nécessaire d’intégrer la compétence.